SNOW CLOUD
2022
SNOW CLOUD
Dans SNOW CLOUD, les larmes ne tarissent jamais. Les yeux sont mouillés et les corps sont secoués et habités par des soubresauts, des hoquets, des souffles et des lamentations. L’expression des affects est réduit ici à une matérialité essentielle au-delà de la motivation psychologique ou émotionnelle. En tant que tels, les corps des interprètes sont dépourvus de caractérisation scénique ou de jeu de rôle. Leur partition gestuelle est affective et intense, mais épurée afin d’atteindre l’efficacité cérémoniale, technique et pratique d’une “machine à pleurer”. Inspirés par les rituels des pleureuses professionnelles et les concerts de musique expérimentale, iels explorent une zone où le pur simulacre – de fausses larmes – génère un exutoire viscéral pour le partage d’un vrai chagrin. Les corps des interprètes sur scène sont des canaux matériels par lesquels la catharsis est rituellement offerte à une communauté. Cette création est ici présentée non pas pour être décodée ou interprétée mais plutôt pour être expérimentée dans une affinité directe aux corps.
Ces simulacres viscéraux de deuil sont accompagnés, encadrés et amplifiés par tous les autres éléments de notre dispositif. Nous avons imaginé une coexistence générative entre les médiums de la danse, de la voix, de l’espace/de la lumière et de la musique comme un écosystème évolutif qui permet à la fois l’autonomie de chaque “espèce” qui le compose et leur co-dépendance équilibrée et fluide. Nous avons cherché un équilibre dramaturgique entre le pouvoir séducteur et spectaculaire des concerts audio-visuels et les qualités intimes offertes par la performance somatique et vocale des corps sur scène.
Ce qui nous intéresse ici, ce sont les dispositifs de simulacre mis en jeu pour canaliser les expressions de la douleur et leurs forces allégoriques. Nous nous interrogeons : est-il encore possible d’incarner et de représenter le pathos alors que notre contemporanéité s’oppose à toute vulnérabilité et ne glorifie que la productivité ? Y a-t-il, dans les corps vulnérables et tendus de ces personnes inconsolables, une force salvatrice, une puissance ou une résistance au monde que nous devrions apprécier et comprendre maintenant ?
SNOW CLOUD nous permet de devenir les témoins de combinaisons hybrides infinies, entre corps, texte et technologie, devenues à présent une allégorie des nécessités de changements de notre temps.
Guillaume Marie
Conception, chorégraphie et mise en scène : Guillaume Marie
Créée en collaboration et interprétée par : Maria Stamenkovic Herranz, Suet Wan Tsang et Aho Ssan
Musique originale : Aho Ssan “Wondertomb” écrite, composée et interprétée par Aho Ssan et Exzald S
Lumière : Marcel Weber/MFO
Costumes: Cédrick Debeuf
Régie générale, régie son : Maxime Niol
Assistante à la chorégraphie : Suet Wan Tsang
Conseiller dramaturgique : Igor Dobricic
Aide à la scénographie : Grégoire Gitton
Collaborateur artistique pour les recherches : Roger Sala Reyner
Administration & production : Camille Cabanes
Création les 1er et 2 avril 2022 au Festival À Corps, le TAP- Théâtre Auditorium de Poitiers
Production
TAZCORP/
Co-Productions
TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers, Tanzfabrik – Berlin, R.E.D.- Berlin, Festival Faits D’hiver, Micadanses – Paris, Antre Peaux – Bourges, Fond Transfabrik de l’Institut Français, Bourse Joint Adventure – Berlin
Avec le soutien de
la DRAC Ile de France, aide au projet 2022
Residences
CND Centre National de la Danse – Paris, Tanzfabrik – Berlin, Antre Peaux – Bourges, Maison des Arts de Créteil, Point Ephémère – Paris, Réservoir Danse – Rennes
SNOW CLOUD a bénéficié du programme R.E.D de Tanzfabrik Berlin dans le cadre du projet de recherche THE FIVE OF US initié par Roger Sala Reyner en collaboration avec Guillaume Marie, Igor Dobricic, Suet Wan Tsang et Marcel Weber/MFO.