NANCY

2010

Création LEV FESTIVAL, Gijon (S), Laboral Téatro,
le 30 avril & 1er Mai 2010

Crédit photo : © ??????

Inspiré du destin tragique de Nancy Spungen, petite-amie de Sid Vicious retrouvée assassinée dans des conditions mystérieuses, NANCY (2010) est un essai sur le pouvoir des simulacres, du regard sur la représentation, et de sa circulation.

Partition pour une danseuse (Suet-Wan Tsang), une maquilleuse/fx (Rebecca Flores) et un musicien de Dark Ambient (Greg Smith), cette pièce s’amuse de la douce violence du romantisme noir et joue avec une héroïne dont la montée vers la mort prend des allures de dévotion mystique, à l’instar de Sainte Thérèse d’Avila et de ses extases pieuses.

NANCY

2010

Création LEV FESTIVAL, Gijon (S), Laboral Téatro,
le 30 avril & 1er Mai 2010

CRÉDITS

Conception et chorégraphie : Guillaume Marie
Créée en collaboration et interprétée par : Suet Wan Tsang
Maquillage/Performeuse : Rebecca Flores
Création musicale/Live music: Greg Smith
Vidéo/Live VJ : Grégoire Gitton
Lumières : Franck Delâtre
Costumes : Cédrick Debeuf
Production : Isabelle Fuchs
« Dead Angel » est interprété par Steffi Lehman,
paroles adaptées du poème « Tanzerin » de Emmy Hennings

CRÉDITS

Conception et chorégraphie : Guillaume Marie
Créée en collaboration et interprétée par : Suet Wan Tsang
Maquillage/Performeuse : Rebecca Flores
Création musicale/Live music: Greg Smith
Vidéo/Live VJ : Grégoire Gitton
Lumières : Franck Delâtre
Costumes : Cédrick Debeuf
Production : Isabelle Fuchs
« Dead Angel » est interprété par Steffi Lehman,
paroles adaptées du poème « Tanzerin » de Emmy Hennings

PRODUCTION

Production Tazcorp/

Coproduction
Teatro de la Laboral (E),
Festival a/d Werf (NL),
Huis a/d Werf (NL)- Avec l’aide de Locus 010 (NL), La Poudrière (B) et Worm (NL).

Remerciements
L’ Atelier Bas et Hauts/Laura Ragno (F) et Anna Le Houerf.

PRODUCTION

Production Tazcorp/

Coproduction
Teatro de la Laboral (E),
Festival a/d Werf (NL),
Huis a/d Werf (NL)- Avec l’aide de Locus 010 (NL), La Poudrière (B) et Worm (NL).

Remerciements
L’ Atelier Bas et Hauts/Laura Ragno (F) et Anna Le Houerf.

TOURNÉE

Première : Teatro de la Laboral-LEV Festival, Gijon, 30 avril et 1er mai 2010

Theater Kikker-Festival a/d Werf, Utrecht, 20, 21 et 22 mai 2010,
I Like to watch too dans le cadre de Julidans, Amsterdam, 8 et 9 juillet 2011
Festival Jerk Off, Théâtre de Vanves, 20 septembre 2014

TOURNÉE

Première : Teatro de la Laboral-LEV Festival, Gijon, 30 avril et 1er mai 2010

Theater Kikker-Festival a/d Werf, Utrecht, 20, 21 et 22 mai 2010,
I Like to watch too dans le cadre de Julidans, Amsterdam, 8 et 9 juillet 2011
Festival Jerk Off, Théâtre de Vanves, 20 septembre 2014

Crédit photo : © ?????

Entretien avec Guillaume Marie

« Plus vous comprenez que tout est faux, plus vous y croyez et plus cela devient troublant »

Guillaume Marie est un jeune chorégraphe français né à Caen en 1980 vivant actuellement à Paris. Il a travaillé avec différents artistes tels que Jan Fabre et la metteur en scène/ marionnettiste Gisèle Vienne. Il a créé son premier spectacle Cracking your smile en 2005. Depuis il a créé des performances en collaboration avec Jonathan Capdevielle et Maria Stamenkovic-Herranz et dirigé des courts métrages. Pour sa nouvelle pièce, il présentera une interprétation très particulière de la mort (et la vie) de Nancy Spungen, la petite amie et ancienne groupie de Sid Vicious des Sex Pistols.

Comment vous êtes-vous intéressé à la mort de Nancy ?

J’ai commencé à collaborer il y a deux ans avec Maria Stamenkovic Herranz, une artiste espagnole maintenant basée à New York. Le premier fait-divers autour duquel nous avons travaillé fut celui de la mort de Joan Vollmer, la femme de William Burrough. J’ai été fasciné par cet événement très célèbre et par la manière dont certains artistes ont décrit sa mort. Au lieu de s’attacher à des faits, et en laissant libre court à leur imagination, ils se sont appropriés cette histoire et l’ont reconstruit à l’infini. J’ai décidé de faire un cycle de pièces autour de cette thématique et de cette méthode d’écriture. La première pièce s’appelle Trigger, (2008) autour de Vollmer, la seconde est Nancy (2010) et la troisième s’appellera AsfixiA et sera créé en 2011.

Lors de nos recherches pour la première pièce, nous n’avions pas d’image ou de rapport de police. Les seuls témoignages sur la mort de Vollmer provenaient des textes de Burroughs ou d’autres écrivains de la Beat Gene- ration. En outre, il n’était pas clair si sa mort était due à un accident ou s’il s’agissait d’un meurtre. Pour Nancy je me suis intéressé à un fait divers se produisant un peu plus tard dans le temps, composé d’une même aura de mystères quant à ce qu’il s’est réellement passé de sorte que nous pouvions avoir plus d’images et de documents disponibles pour notre «enquête ». Et la troisième pièce traitera d’un fait-divers contemporain ayant subi un effet de sur-médiatisation.

Tous ces travaux interrogent ces liens qui nourrissent nos fantasmes ou nos rejets lorsque nous sommes confrontés à certains fait-divers ainsi qu’aux médias et donc par extension au regard que nous portons sur le monde qui nous entoure. Il est important pour moi de commencer mes recherches à partir d’un « point réel » puis de découvrir les métaphores et les symboles qui le façonnent, de sorte que le résultat devient une pièce visuelle, non-narrative. Cela ne m’intéresse pas de raconter des anecdotes ou l’histoire de Nancy. Par contre, nous avons complètement désarticulé cette histoire afin de pouvoir la reconstruire telle une traversée initiatique et cauchemardesque. Et à mon avis, de cette façon, nous pouvons nous rapprocher de la vérité sur ce qu’il s’est réellement passé d’une manière sensitive plus juste que si nous utilisions des faits ou des anecdotes.

Comment souhaiteriez-vous que le public expérimente votre pièce ?

Au point où nous en sommes, ce que nous avons créé est très ambigu et ritualisé. Cela me plaît beaucoup. L’artiste/performeuse Suet Wan Tsang représente une idée de la traversée de Nancy, et partage le plateau avec Rebecca Flores, une maquilleuse/plasticienne. Je me suis intéressé à la façon dont ce voyage métaphorique peut être interrompu par une action plus réelle qui est l’application du maquillage et des effets spéciaux en live. Nous sommes comme hypnotisés par ce que traverse l’interprète, mais ce dispositif performatif est rompu par des scènes dignes d’un « making-of », de telle sorte que vous pouvez avoir l’impression d’assister au tournage d’un film. Il s’agit aussi, à travers le travail de Rebecca, de questionner ce que vous percevez. Parfois, cela peut sembler faux, truqué, et à d’autre moment très réel. Pour être honnête, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une pièce toujours confortable à regarder, car je donne beaucoup de responsabilités aux spectateurs, en provoquant beaucoup de questionnements sur ce qu’ils observent et comment chacun, à titre individuel peut traiter et interpréter ce qu’il voit.

Donc, vous n’étiez pas à la recherche d’une sorte d’aliénation ou « Verfremdungseffekt » avec les apparitions de la maquilleuse ?

C’est drôle parce que c’est ainsi que je l’avais tout d’abord conçu. Mais à présent, alors que la pièce est presque finie, je ressens l’inverse, ces moments de rupture amènent en fait beaucoup de tensions et de sens. C’est assez jubilatoire de voir comment tous ces différents éléments s’articulent ensemble. Ce qui est étrange, c’est que plus vous comprenez que tout est faux, plus vous y croyez et plus cela devient troublant. Cela crée un état très hypnotique et contemplatif. Une amie est venue assister à une répétition et a évoqué quelque chose d’intéressant : pour elle, la pièce commence dans la mort, puis se déplace vers la vie, mais la vie semble être encore plus perturbante que la mort. L’ensemble de toutes ces dis- torsions peuvent amener à une sorte de confusion cathartique pour ceux qui regardent.

Parlez-moi de votre processus de création. Comment avez- vous travaillé pour que vous puissiez articuler tous ces éléments dans votre pièce ?

J’ai tout d’abord fait beaucoup de recherches que j’ai présentées à mes collaborateurs. Il est très important pour moi que mon équipe intègre et digère un maximum d’informations autour du fait-divers que je leur propose car mon travail s’inspire de la façon dont nous absorbons ces évènements à travers nos propres subjectivités. Nous avons aussi préparé une sorte de story-board avec Rebecca, la maquilleuse, ce qui nous a permis d’avoir une collection d’effets que nous pourrions utiliser. Nous avons tous beaucoup travaillé en pré-production, de telle sorte que lorsque nous sommes arrivés dans le studio de nombreux éléments étaient déjà présents : la scénographie, les visuels pour la projection vidéo, la musique, les costumes et le maquillage. Nous avons ensuite commencé à jouer avec tous ces éléments et rapidement nous avons commencé à «écrire» la pièce, d’une manière très similaire à la rédaction d’un scénario de film. Nous savions que Suet-Wan traverserait certains états de corps ainsi que certaines esthétiques et nous avons passé beaucoup de temps à développer les transitions entre ces moments et les différentes couches et états qui nous amèneraient à la construction de ce personnage. Nous avons beaucoup réfléchi à l’écriture de la psychologie qui se cache derrière notre personnage.

Je trouve la mention de psychologie très intéressante. Souvent, les artistes qui ne souhaitent pas livrer une histoire de manière traditionnelle ont très peur de mentionner tout aspect psychologique.

Je suis très inspiré par les travaux de Jacques Lacan en ce moment et j’essaie d’intégrer certaines notions dans mon travail. Par exemple, j’essaie de mettre les trois principaux éléments de la psychologie lacanienne – le réel, l’imaginaire et le symbolique – dans la pièce. Parce que ces trois éléments sont articulés les uns aux autres et présents à travers les différents éléments et matériaux qui constituent la structure, la psychologie englobe ce travail, mais de manière sensitive, non-explicative.

Quand vous parlez de ce projet, vous faîtes également référence au glissement de la foi dans les sociétés occidentales de la sphère religieuse vers la culture pop.

Lorsque j’ai commencé à travailler sur Nancy, un lien s’est rapidement créé entre Nancy et Sainte Teresa de Ávila. Sous cet angle, nous avons commencé à examiner toutes les similitudes et les différences. Nancy fut avant tout une groupie, à la recherche d’une sorte de gloire ou d’adoration tout en croyant en l’utopie punk. Cet état de croyance est très proche d’une croyance religieuse, ce qui crée une opposition que je trouve très intéressante à explorer. Donc de ce point de vue, vous pouvez commencer à utiliser des termes religieux pour décrire un moment de l’histoire du Rock’n’roll et par extension construire une critique sur les différents types d’idolâtries qui agissent dans nos sociétés.

Propos recueillis par Miguel Escobar

Revue de presse

UTRECHT. Elle fut la fiancée de Sid Vicious, l’homme au premier plan des Sex Pistols : Nancy Spungen. Si vous cherchez sur Youtube, vous trouverez des yeux très maquillés avec des boucles décolorées dans un monde de sexe, de drogues et de punk. Apparemment pas un monde heureux. Nancy est morte allongée à côté des toilettes de sa salle de bain, son corps sali par les blessures de multiples coups de couteau dans l’estomac. Tous ces événements se sont produits il y a plus de trente ans.
Mais le chorégraphe français Guillaume Marie (1980) a choisi la pauvre jeune fille (elle n’avait que 20 ans quand elle a été assassinée dans des circonstances peu claires) pour être l’héroïne de sa nouvelle performance, qui a eu sa première jeudi dans le cadre de la soirée d’ouverture du Festival aan de Werf. Soudainement elle fut présente, pour un moment.
NANCY montre la glorification et la descente d’une jeune fille qui fut un phénomène sur une courte période, et c’est captivant : abstrait, sans trop d’anecdote et malgré tout fascinant. Vous n’apprendrez rien de plus sur Nancy, vous ne la reconnaitrez pas chez l’actrice/performeuse Suet-Wan Tsang, mais tout au long de la pièce, vous vous créerez  votre propre image sombre d’elle.
L’espace est obscur, à l’extrémité d’un tapis rouge nous distinguons une image vidéo quelque peu menaçante et sur le tapis lui-même : Nancy. Silencieuse, elle n’est rien, seulement un corps : sensuel, exagéré, mais aussi blessé et vulnérable, parfois complètement répugnant mais aussitôt touchant quand la pièce se termine sur une inévitable danse de la mort.

VOLKSKRANT, 22 Mai 2010